Se mettre en cause pour briser quelques causes du mal-logement
Je n’ai pas de toit. Que de fois ce cri déchirant est entendu. Ce malheur, récurrent depuis plus de 60 ans, ajoute à ce drame celui d’une dédramatisation en raison d’une installation du mal-logement dans le paysage.
Aussi, convient-il de rechercher comment lézarder, plus encore écrouler ces murs qui n’ont pas permis de bâtir ceux qui s’avéraient nécessaires pour abriter décemment les plus fragilisés de notre Société.
Le pouvoir d’agir doit se présenter comme un ressort faisant surgir aussi rapidement que possible de nouvelles propositions. Tout ce qui concerne l’immobilier est long, trop long, aussi, faudra-t-il du temps – cet ennemi pour ceux qui n’ont pas de toit – pour que chaque foyer, quelles que soient ses difficultés, ait accès à ce minimum d’humanité qu’est le logement.
Assez des victimisations et culpabilités qui enferment, l’heure est celle d’une approche entrepreneuriale à tous les niveaux de la société, des fonctionnaires aux acteurs économiques et sociaux, pour construire, en donnant une priorité absolue à l’intérêt général.
Quelles que soient les sensibilités, l’échec du Président de la République et de son Gouvernement serait, pour la démocratie, un désastre. Il serait le nôtre.
Dans sa dernière ITW, le Président de la République prend l’engagement de revoir les grandes politiques publiques dont les résultats ne sont pas, dit-il, à la hauteur des dépenses engagées ou des comparaisons avec nos partenaires européens. Le logement est l’une d’elles.
Les difficultés budgétaires vont conduire à faire mieux et plus, avec moins. Il y a ici une remise en cause des pratiques. Le sujet n’est pas de se justifier mais de rechercher des propositions crédibles qui changent la donne. Habitées par la créativité, les contraintes se révèlent souvent chance d’un autrement.
Gardons à l’esprit que trop de membres du corps social souffrent. Aussi, convient-il de veiller à ce que les aides ne soient pas supprimées tant que les résultats tangibles d’une nouvelle politique ne seront pas effectifs.
M. Emmanuel MACRON souligne combien il est difficile d’accéder au logement pour les plus vulnérables : un coût trop élevé par rapport aux ressources, d’où la nécessité de faire baisser loyers et charges en libérant le droit de l’urbanisme, le foncier et en abandonnant les normes sauf celles contribuant à la qualité énergétique et à un habitat désirable, suivant l’expression du Président de l’USH.
Les situations de crise favorisent le provisoire dont nous savons qu’il dure, telles ces machines à loger, bâties à la hâte, ‘emmurant’ les plus fragiles.
Prenant acte que le chômage et mal-logement sont deux maux qui doivent reculer de par la ferme détermination du pouvoir politique et des acteurs économiques et sociaux, développons une approche limitée dans le temps de l’habitat social via le démembrement de la propriété.
Le pari est de relever que la pauvreté n’est pas une fatalité. S’inscrire dans cette perspective et la faire partager c’est déjà la faire reculer.
Avec un usufruit de 15 à 18 ans, représentant 40% du prix du logement, nous trouvons alors des marges de manœuvre pour bâtir plus, mais aussi pour faire de l’habitat un signe de confiance, un espace où l’on peut rebondir de par les ouvertures qu’il suscite. Cette vision dynamique justifie le maintien de l’article 55 de la loi SRU.
La nue-propriété portée par des grands investisseurs, le serait aussi par des personnes physiques qui, parfois inquiètes pour leur retraite, envisagent l’acquisition d’un patrimoine permettant d’avoir un complément de ressources.
La réussite de cette orientation suppose trois conditions :
– un accompagnement des occupants pour faciliter leur autonomie, dans cette conviction chevillée au cœur que toute personne a un talent. Le faire reconnaître c’est faire naître les conditions de la réussite.
– une fiscalité sécurisée et équilibrée, tenant compte à la fois des impératifs du bien commun et des intérêts particuliers. Cette ouverture est une réconciliation de l’économique et du social.
– un contrat-cadre avec les grands bailleurs publics ou privés pour qu’au terme de l’usufruit, le propriétaire retrouve la jouissance plénière de son bien, l’occupant n’ayant pas de droits supérieurs à l’usufruitier.
Quittons le concept du logement social, trop souvent un marqueur, pour en faire une politique sociale de l’habitat. Cette perspective ne revêt-elle pas les conditions à minima d’une ville plus inclusive l’ouvrant sur une hospitalité pour lutter contre les hostilités.
Soyez audacieux, exprimez votre point de vue !