L’épargne solidaire, une valeur qui a la cote
Le journal La Croix, en partenariat avec France-Info, a publié son 14ème baromètre de l’épargne solidaire. ‘Beau temps’ pour cette collecte qui n’avait jamais atteint un tel résultat : 1,62 Mds€ en 2015, en progression de près de 24% par rapport à 2014.
Cette épargne d’un encours de 8,46 Mds€ au 31 décembre 2015 est portée par plus d’1 million de personnes.
Le sens à donner à l’économie et à l’épargne, son carburant, suscite un réel intérêt.
La solidarité n’est plus seulement une affaire de dons – nécessaires bien sûr – mais un investissement pour contrer une financiarisation de l’économie qui fut et demeure le choc pour l’emploi.
L’approche du réel progresse par rapport au virtuel. Le pape François, dans son encyclique Laudato si, dit que les actes concrets doivent l’emporter sur les idées. L’épargne solidaire est l’un des signes d’une mobilisation transformatrice de la Société.
Le sens traduit une recherche de cohérence entre la parole et les actes.
Toujours dans sa dernière encyclique, François déplore la lenteur de la politique et le manque de décision des politiques, souhaitant voir la création d’une autorité politique mondiale. Une telle perspective est encore bien loin. Aussi, appelle-t-il les hommes de bonne volonté à promouvoir la destination commune de la terre, en s’interrogeant sur le monde que nous laisserons à nos enfants.
Pour que ce monde soit habitable pour tous, ne faut-il pas converger vers des valeurs communes et des orientations de vie traduisant l’éloignement d’une vision égoïste de la Société.
L’épargne solidaire témoigne de la responsabilité des inclus par rapport aux exclus, observant que les premiers acteurs de solidarité sont les salariés qui, au sein de l’entreprise, dirigent leur épargne vers des projets à destination de ceux qu’on nomme les démunis, sans toit, sans travail, mais heureusement pas sans intérêt.
Des entreprises, et pas seulement celles labellisées sociales et solidaires, s’interrogent sur l’impact social de leur activité (impact investing). De grandes sociétés mettent progressivement en œuvre l’entrepreneuriat social via l’Investissement Social Responsable (ISR).
Se dessine un agir où l’acte d’entreprendre ne se réduit pas à la distribution des dividendes mais au partage d’une exigence qui n’a pas de prix pour être celle d’une attention à la fragilité ; déjà elle interroge des décisions. Nul doute que demain, elle traversera davantage l’économie du bien commun, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Jean Tirole.
Le développement de l’épargne solidaire présage l’avancée de cette éthique de la responsabilité.
Que de rencontres s’établissent désormais entre deux mondes qui hier avaient leur domaine propre, le business pour l’un, le caritatif pour l’autre. Le mur qui les séparait s’est lézardé.
Les fondations de la ‘maison commune’, auxquelles participe l’épargne solidaire, portent une trace de gratuité dans un investissement de long terme.
Souvenons-nous de cette belle allocution pour la paix, prononcée le 10 juin 1963 par John Fitzgerald Kennedy : « au final, nous habitons tous cette même planète, nous respirons tous le même air, nous chérissons tous l’avenir de nos enfants et tous nous sommes mortels ».
La reconnaissance de cette solidarité mais aussi de cette ‘vulnérabilité’ se révèle naissance d’une sagesse. Les épargnants de l’épargne solidaire en sont les acteurs. Il appartient à chacun de procéder à des arbitrages pour donner à cette économie les chances d’un développement qui ne sera pas indifférent à un monde plus humanisé.
Il nous appartient non seulement de le vouloir mais de le bâtir.
Soyez audacieux, exprimez votre point de vue !