Que les « diseux » s’effacent pour faire place aux « faiseux »
La parole est d’argent, le silence est d’or. L’adage bien connu est démenti chaque jour. Les « diseux » sont à la une du théâtre de l’inessentiel alors que les « faiseux », souffleurs des temps nouveaux, sont les oubliés d’un monde qu’ils préparent secrètement.
Que de paroles mortifères jouent comme un anesthésiant – je l’ai échappé belle comme devant l’accident ! ? alors qu’il s’agit de s’associer à des énergies positives, créant des relations nouvelles.
Ces discours vains et répétitifs insultent l’avenir qui ne demande qu’à émerger, pour autant que l’on prenne la mesure de l’urgence d’agir différemment.
Le discernement, préalable à l’acte d’entreprendre, vise à répondre à la question que faire, et même dé-faire, pour susciter des espaces de plus grande liberté n’existant que là où les marges d’autonomie sont reconnues.
Dans le silence, l’économie sociale et solidaire progresse. Pensée hier comme une utopie, elle est désormais portée par bien des femmes et des hommes qui, refusant le « toujours plus » dans le moins de temps possible, se lèvent pour libérer une éthique de responsabilité offrant du sens à l’acte d’entreprendre pour qui, par qui et pourquoi.
Quel drame de s’installer dans le consentement d’un chômage massif ou d’accepter l’absence de logements pour les plus vulnérables.
Le « carburant » de cette économie est l’épargne solidaire qui alimente ces investissements de demain traduisant une attention au bien commun, plus partagé qu’on ne le croit, dans cette conviction que privilégier le sens, c’est susciter un chemin.
Terrible constat : si l’épargne n’a jamais été si peu rémunérée, elle est massivement thésaurisée ! N’assistons-nous pas au théâtre de l’indifférence, d’où des drames entraînant de telles béances que la Société est fracturée avec les risques, plus exactement la menace, d’une possible guerre civile.
Les « diseux » alimentent les braises, les « faiseux » les éteignent pour susciter des réponses qui changent la donne. Pourquoi oublie-t-on de parler de leurs expériences transformatrices du tissu social. Aurait-on peur de l’avenir ?
La responsabilité des « faiseux » est de rechercher une action concrète pour dire non à l’inacceptable. Soulager, soutenir, c’est humaniser pour s’éloigner de ce qui est moche.
Cette perspective recueille un enthousiasme et un dynamisme. Qui met en exergue le fait que déjà des murs se lézardent pour faire place à la construction de passerelles ouvrant sur de nouveaux horizons. A trop attendre, le monde des laissés pour compte désespère.
Va vers ton risque, dit René Char, à te regarder ils s’habitueront. Quel risque ? Celui d’entendre pour mieux comprendre dans la perspective où Albert Einstein soulignait qu’il y a suffisamment d’intelligence dans le monde ; ce qui manque c’est le cœur.
Les « diseux » se battent sans autres enjeux que d’occuper l’espace médiatique ; le cœur des « faiseux » bat pour ne point rester étrangers aux situations de vulnérabilité, de dépendance avec la question du pourquoi qui ne peut être traversée que par l’audace de changer et de faire changer.
Si nous n’avons pas de réponse toute faite, reconnaissons que la fragilité, invitation à l’aventure de l’écoute, est source de créativité.
Il y trois pouvoirs : le pouvoir du mal qui fait mal, celui du temps qui use et parfois nous use, mais heureusement il y a celui du cœur qui fait naître bien des inespérés et des inattendus. Entreprendre pour humaniser, c’est être à ces rendez-vous déterminés à remonter l’horloge de la conscience », suivant l’expression d’Olivier Py, Directeur du festival d’Avignon.
Les « faiseux » accrochent des étoiles dans ces ciels obscurcis. Puissent les « diseux » les voir et, s’ils veulent continuer à parler encore, comprendre l’urgence de quitter la verbalisation d’un monde entretenant un pessimisme destructeur.
Assez de mots, donnons place à la parole qui rend compte du changement.
Soyez audacieux, exprimez votre point de vue !