L’heure est de redonner des couleurs à la République
Le jaune, couleur du soleil, connaît une éclipse assombrissant les relations. Les forces de l’ordre sont gravement attaquées par des groupuscules pillant et saccageant les symboles de la République, l’Arc de Triomphe, les Préfectures ou des lieux emblématiques de l’histoire de la Nation.
Le Gouvernement, s’il reconnaît tardivement le bien-fondé de la colère, ne peut naturellement pas consentir à ce que la rue soit le lieu du traitement de ces violences, d’autant qu’elles émanent d’individus décidés à en découdre avec brutalité avec l’Etat, parce qu’il est l’Etat.
Cette situation dommageable ne doit pas cacher la crise morale que traverse le Pays. Il convient d’en prendre la mesure
Le fait que le Président de la République reconnaisse la souffrance de ses compatriotes doit entraîner, dans les meilleurs délais possibles, des réponses adaptées pour faire reculer l’inacceptable, traversé par l’injustice.
Nombre de manifestants ne sont pas étrangers à l’élection de M. Emmanuel Macron de par son engagement à opérer des réformes. Les premières ont eu un impact fiscal en faveur des plus aisés, non parce que le Président voulait les privilégier mais pour considérer que ces mesures auraient un impact direct sur l’économie et par là même l’emploi.
L’espoir n’est pas au rendez-vous. Ne parle-t-on pas d’une nouvelle crise financière désormais possible, avivant ce ressenti que les plus riches, toujours épargnés, ont été protégés pour avoir été les premiers servis.
Les fondements de notre République en sont affectés. Quelle iniquité, se disent les oubliés de la croissance et ceux qui, pour habiter les zones rurales, les petites et moyennes villes, constatent une dévitalisation de leur territoire sans que soit mise en œuvre une politique d’aménagement à hauteur du préjudice et des enjeux pour rééquilibrer la Société.
La Nation est une et indivisible. Pourquoi tant de disparités entre les citoyens ? La cause première du Mouvement des Gilets jaunes ne peut être passée sous silence. Comment justifier que le coût des transports soit largement subventionné dans les grandes métropoles, alors que dans les territoires en difficulté, il n’y a pas d’autre alternative que de se rendre à son travail en voiture, en franchissant parfois des distances importantes.
Le plein d’essence est accompagné d’un plein d’amertume ; trop c’est trop.
L’égalité, fondement de la République, est ébréchée. Si la démocratie est touchée, il faut garder à l’esprit deux photos prises à l’Arc de Triomphe :
- le 11 novembre, le Président de la République et des étudiants de Seine saint Denis – territoire difficile, s’il en est – se recueillent ensemble devant la tombe du soldat inconnu. Un signe de fraternité qui ouvre une nouvelle histoire.
- le 1er décembre, des membres des Gilets jaunes assis autour de la même tombe, veillent à ce que cet espace ne soit pas profané ; ils chantent la Marseillaise pour couvrir les cris sauvages et débridés des casseurs.
Dans ces heures difficiles, nous devrions garder en mémoire ces deux moments où malgré – et peut-être à cause de ces ruptures nées d’injustices – il est possible de faire surgir un sursaut de fraternité qui, sans occulter la colère, change, malgré tout, les cœurs et les esprits pour que l’égalité ne soit pas enfouie dans un funeste impossible.
Une nouvelle fois, se propose à notre liberté un arbitrage. Il ne relève pas seulement d’une comptabilité mais d’une vigilante attention à l’égalité et à la fraternité pour bâtir une plus grande unité.