16 mars 2010 : petit-déjeuner du Club de l’Audace avec Thierry CAMMAS, PDG de MTV Networks France
Thème de son intervention : Enjeux de la révolution numérique pour les médias : exemple de MTV
Contexte technologique :
On a assisté à la première grande rupture technologique : le stockage des données et les données qui transitent sur les bandes passantes doublent chaque année. Internet et le développement numérique ont bouleversé la distribution du contenu.
Premier enjeu : connaître et comprendre les nouvelles règles du numérique
Les lois du numérique sont des lois de temps court : dans le monde numérique, on organise au fur et à mesure de la découverte de nouvelles technologies et de nouvelles pratiques : on construit tout en avançant.
L’accès à l’information se fait dans un délai réduit et l’outil Internet est devenu aujourd’hui un outil naturel de communication pour les jeunes.
En conséquence, ils ont aujourd’hui une double vie sociale, avec une identité virtuelle (et un réseau d’amis virtuels) d’un côté et leur identité physique de l’autre. Ainsi ils se créent leur propres espaces de dé-réalisation (on peut parler de schizophrénie, qui est évidemment maîtrisée par eux).
Le numérique accélère également leur maturité grâce à l’accès facile et rapide à l’information.
Dans un contexte où il existe de très nombreux médias adjacents (hyper-volatilité du modèle d’audience), les chaînes télé doivent organiser leur contenu. On est passé d’un marché de l’offre à un marché de la demande.
Deuxième enjeu : proposer des contenus partout où l’audience le souhaite
Le contenu est sorti de l’écran de télévision et est maintenant disponible sur l’ordinateur, le téléphone portable, le baladeur, la console portable, etc. La consommation nomade devient un élément naturel de leur comportement et elle devient contrôlable dans le temps (il est possible de regarder le début d’un programme sur la télévision et de le poursuivre sur son téléphone, par exemple).
L’enjeu pour les médias est de pouvoir modifier les contenus en fonction des supports de diffusion. Les groupes maîtrisant la chaîne de production intégralement peuvent effectuer une sorte de « versionnement » des programmes, et donc ainsi en maximiser les revenus, par le biais de la Video on Demand (VoD) ou par le biais d’une régie publicitaire.
La diffusion d’une émission dépend soit d’une grande originalité de contenu, soit de l’avantage apporté par des marges importantes, soit de la décentralisation de l’apport du contenu par l’agrégation de contenus déjà existants. Dans ce dernier cas, il est parfois difficile de l’acquérir et de le faire transiter d’une plate-forme à l’autre.
Aujourd’hui, un autre élément a fondamentalement changé la donne : le nombre de distributeurs. Celui-ci est à présent quasi-infini. Un producteur possède un vaste choix d’éditeurs. Cependant, le nerf de la guerre reste toujours la possession de contenu.
Troisième enjeu : créer une marque, une spécificité parmi le flot d’informations
Toutefois, l’écran télé garde son utilité sociale, réunissant les différents individus au sein d’un programme commun, possédant une certaine qualité éditoriale. En effet, un travail de tri et d’agrégation, (que l’on ne retrouve pas sur les plate-formes numériques) continue d’animer les éditeurs de programmes télévisuels. L’audience est également au rendez-vous, ainsi que quelques avantages liés aux nouvelles technologies (écrans HD, rendu 3D, etc.). Enfin, il s’agit également d’un univers contrôlé, contrairement à la liberté parfois excessive d’Internet.