26 mai 2009 : petit-déjeuner du Club de l’Audace au Sénat avec Jean-Jacques ROSA, économiste et professeur à Sciences Po
Jean-Jacques Rosa, économiste et professeur à Sciences Po Paris, nous a fait l’honneur d’intervenir lors du petit déjeuner du Club de l’Audace sur le thème : « Comment les Français pourraient-ils réellement gagner plus ? »
Intervention de Jean-Jacques Rosa
Jean-Jacques Rosa a expliqué aux membres présents que le fait que les français (et de manière plus générale les européens) travaillent moins que les américains était directement lié au niveau de l’impôt sur le travail qui a beaucoup plus fortement augmenté de ce coté de l’Atlantique depuis quelques années.
Or la partie la plus rapidement croissante de l’impôt sur le travail est le fait des cotisations sociales. Pour réduire l’impôt sur le travail et donc inciter à travailler plus, ce qui permet de produire et de gagner plus, il faut les alléger. Cela est possible selon lui sans réduire en quoi que ce soit les politiques sociales actuelles qui permettent à tous, sans considération du niveau de salaire, de bénéficier de la même couverture d’assurance pour les risques de maladie par exemple. Il a souligné qu’un tiers seulement des sommes collectées en France au titre des cotisations sociales maladie contribue à redistribuer les revenus entre les salariés du haut vers ceux du bas de l’échelle des salaires. Ce ne sont que les deux tiers restants de cet impôt qui servent à financer les dépenses de santé proprement dites.
Jean-Jacques Rosa propose alors de sortir du financement fiscal de l’assurance maladie (environ 7% du montant du salaire) en rendant de ce fait les sommes correspondantes (2/3 des cotisations maladie actuelles) aux entreprises et aux salariés. Dans le même temps, il faut rendre obligatoire pour chacun l’achat d’une couverture maladie personnelle équivalente à ce qui existe aujourd’hui. Ceci permettra néanmoins d’augmenter le salaire effectivement reçu par le salarié, ce qui entrainera une modification dans les comportements. L’achat d’assurance est en effet une consommation comme les autres, qui ne réduit plus alors – contrairement à l’impôt – le salaire effectivement reçu en fin de mois. Le coût relatif des congés et loisirs devenant plus élevé du fait de la majoration des salaires les français seront incités à travailler plus et donc à produire davantage.
Cette solution qui vise à diminuer l’impôt et à augmenter les salaires sans réduire aucunement la politique sociale de redistribution a suscité un débat passionné, les membres du Club de l’Audace ayant été convaincus par l’exposé, mais étant conscients que les politiques n’étaient pas prêts à adopter une réforme qui bouleverserait profondément le système actuel.
Pour en savoir plus : Article « Comment gagner plus », paru dans Commentaire, Printemps 2009, vol.32/n°125