25 septembre 2019 : petit déjeuner avec Matthieu TORDEUR, Aventurier, membre de la Société des Explorateurs Français
Il y a 8 mois, Matthieu TORDEUR a réalisé un de ses rêves les plus chers. Il a atteint le pôle Sud à ski, depuis la côte du continent Antarctique. Il a parcouru 1150 km à ski en solitaire, sans assistance et en autonomie totale. Sa motivation était double : d’un côté c’était l’appel d’un rêve (il était fasciné par ce continent méconnu) et de l’autre, il voulait faire l’expérience de la solitude, ce, pendant quasiment 2 mois. Ce fut autant un voyage géographique qu’un voyage intérieur. Selon Matthieu TORDEUR, la solitude est devenue un luxe aujourd’hui : on ne prend plus le temps de la contemplation ni de l’introspection dans nos vies de citadin très remplies. Cette expérience fut pour Matthieu l’occasion de faire un pas de côté.
Pour se lancer dans une telle aventure, il ne faut pas être une tête brûlée. Bien au contraire, il faut calculer minutieusement les risques et les accepter. Matthieu TORDEUR s’est beaucoup entraîné en Arctique, à la fois physiquement mais aussi pour tester le matériel et l’alimentation car, il ne faut rien laisser au hasard !
De nombreuses personnes demandent souvent à Matthieu ce qui le motive ou comment il fait pour faire face à la tentation de l’abandon quand cela devient vraiment dur. Et c’est vrai, les raisons d’abandonner sont nombreuses quand il fait moins 40°C, que l’on tire un traîneau de 115 kg 12h par jour et que la neige est profonde. Dans ces moments, Matthieu se raccroche à une seule chose : le fait que l’inconfort et la douleur sont temporaires. Il essaie de se rappeler pourquoi il a fait le choix d’être là, l’entraînement qu’il a fourni pour en arriver là. Le plus dur dans ce genre d’expédition, ce n’est pas d’être seul tout le temps ni de faire face à des températures de moins 50°C ou de ne pas prendre de douche pendant 2 mois. Le plus dur, c’est de garder le rêve à la surface pour toujours continuer à avancer et avoir la force de sortir de la tente tous les matins. Alors pour cela, Matthieu se fixait des mini objectifs. Il déconstruisait l’expédition en petites parties en ne focalisant son esprit que sur la prochaine heure de ski !
Une expédition comme celle-ci, c’est un rendez-vous quotidien avec soi-même ! Ce qui compte pour Matthieu, c’est d’aller à la découverte de soi-même en se dépassant, en découvrant ses propres limites, parce que l’on ne repousse pas ses limites, on les découvre. En allant chercher là où l’on n’irait pas si on ne s’était pas lancé.
Matthieu TORDEUR est beaucoup plus animé par la peur du regret que la peur de l’échec. La peur du regret est son moteur pour vivre une vie audacieuse. Il a peur de passer “à côté de sa vie”, d’avoir des regrets et se dire plus tard “j’aurais dû, j’aurais pu…”. Il se dit que la vie est courte pour ne pas réaliser ses rêves, tenter des choses nouvelles. Pour lui, cela prend la forme d’expéditions et d’aventures, mais c’est un discours qui peut s’appliquer à beaucoup d’autres domaines : créer sa société, créer une association, apprendre un instrument de musique, une nouvelle langue, se marier… !
A propos de Matthieu TORDEUR :
Matthieu TORDEUR est un aventurier et conférencier membre de la Société des Explorateurs Français. Étudiant à King’s College London puis Sciences Po Paris, il cultive depuis sa jeunesse un irrésistible désir d’aventures. À vélo, à ski, en 4L, à la voile ou en kayak, il a eu la chance de découvrir 90 pays.
Le bac en poche, il a décidé de traverser seul à vélo l’Europe de l’est jusqu’à Istanbul. Une première aventure à l’instinct, où il a découvert les joies du voyage itinérant et de la rencontre avec l’autre. L’année suivante, après avoir postulé sur un site de « bourse aux équipiers », il embarquait aux Caraïbes sur un voilier pour traverser l’Atlantique. En 2013 – 2014, il a fait avec son ami d’enfance Nicolas Auber un tour du monde en 4L pour promouvoir la microfinance. Un voyage de 50 000 km à travers 40 pays à la rencontre d’une cinquantaine de micro-entrepreneurs, dont ils ont soutenu les activités par l’intermédiaire d’institutions de microfinance françaises et internationales (25 000€).
Ayant un goût particulier pour la photographie, il a ensuite mené des expéditions photographiques en Asie centrale, en Irak, au Pakistan, en Corée du Nord… Il aime également l’aventure lorsqu’elle se double d’un challenge physique. Il a participé à la Transcontinental Race en 2015, une course cycliste à travers toute l’Europe au cours de laquelle il a pédalé 4000 km pendant 16 jours, ainsi qu’au Marathon des Sables en 2017, une course à pied en autosuffisance de 250 km dans le Sahara.
Le 13 janvier 2019, il a atteint le pôle Sud après 51 jours d’expédition en solitaire. Il est alors devenu le premier français et le plus jeune au monde à réussir une expédition de la côte du continent Antarctique jusqu’au pôle Sud, en solitaire, sans assistance (pas de voile de traction) et en autonomie totale (pas de ravitaillement).
L’audace selon Matthieu TORDEUR