9 novembre 2010 : petit-déjeuner du Club de l’Audace à l’Assemblée nationale avec Tristan LECOMTE, fondateur d’Alter Eco
Tristan Lecomte, fondateur d’Alter Eco, nous a fait l’honneur d’intervenir lors du petit déjeuner du Club de l’Audace sur le thème : » Le commerce équitable et la lutte contre le changement climatique sources d’innovation et de développement stratégique. »
Intervention de Tristan Lecomte
Fondateur d’Alter Eco en 1998, entreprise spécialisée dans l’importation et la distribution de produits du Commerce Equitable, Tristan Lecomte a été nommé parmi « les 100 personnes les plus influentes du monde en 2010 » par le magazine américain Time. Une belle récompense pour cet homme engagé et altruiste toujours entre deux voyages, au Brésil, en Inde, au Pérou, au Mali, aux Philippines ou encore en Thaïlande…
Né en 1973 à Reims, diplômé d’HEC Paris et de la Fondation Getulio Vargas (Brésil) en 1996, Tristan Lecomte postule chez Accor pour son stage de fin d’études. Sa candidature n’est pas retenue. Il rejoint alors Lancôme pour faire du contrôle de gestion. L’Oréal, la maison-mère, lui offre la possibilité d’effectuer son service civil en Corée du Sud. Il y reste 16 mois avant de revenir en France pour un poste d’auditeur interne. Un mois sur deux en mission à l’étranger. « J’ai tenu six mois, le mois à l’étranger, c’était parfait, confie-t-il avec malice, le mois suivant, je m’ennuyais. J’ai donc démissionné ». Deux mois après sa démission, il ouvre une boutique d’artisanat. « Le premier soir, j’avais 20 € en caisse et une girafe en bois volée à 150 € ». Pendant un an, il s’accroche puis, criblé de dettes, met la clé sous la porte. Adieu girafes et bracelets, Tristan tire les leçons de ses échecs et décide de s’attaquer aux chariots de supermarché. Il aide à ce moment là Solidarité France Népal, association qu’il a créée en 1994 avec deux amis, lors de son premier stage à HEC. « Tout a démarré avec ce stage. Au lieu de rejoindre un grand groupe, je voulais faire de l‘humanitaire. Le projet était de construire des fours moins consommateurs de bois pour lutter contre la déforestation. » Deux mois passés dans les villages népalais et l’association est lancée. Chaque année, des étudiants d’HEC et d’ailleurs la font fonctionner. « Elle avait cependant du mal à décoller. Pour la soutenir et aider d’autres structures à démarrer, j’ai souhaité créer un pôle associatif, qui récolterait des fonds en faisant du commerce équitable. » Son nom : Alter Eco.
Aujourd’hui, Alter Eco, est une entreprise d’une cinquantaine de salariés, leader sur le marché du Commerce Equitable, qui travaille avec près de 160 000 petits producteurs regroupés en 43 coopératives dans 29 pays se conformant aux engagements du commerce équitable et réussissant ainsi à accéder aux marchés internationaux. Alter Eco vend aussi bien du riz violet de Thaïlande, des pralines dominicaines que du gel douche au karité du Burkina Faso. Mais quand il faut trouver un producteur de noix de cajou pour la nouvelle gamme apéritif, ce sera au Mozambique parce que c’est le pays le plus pauvre parmi ceux sélectionnés. En 2002, Thomas Lecomte est le premier à faire entrer des produits labellisés équitables dans les supermarchés. Mais, derrière les produits, ce qui l’intéresse, ce sont d’abord les hommes, les paysans isolés, démunis face aux prix fluctuants des matières premières et aux intermédiaires sans scrupules. Les vrais perdants de la mondialisation. Pour conjurer cette fatalité, Tristan Lecomte s’est converti au commerce équitable, séduit par le rêve d’une économie à visage humain qui donnerait le choix aux producteurs du Sud.
Il considère que l’essentiel est de « donner du sens à nos existences, de permettre à chacun de vivre en conformité avec ses aspirations intérieures ». Il a même instauré une pause de méditation et de silence dans les réunions, pour souder son équipe et désamorcer les ego qui minent trop souvent les relations de travail selon lui.
Il rêve de faire connaître en France « le capitalisme conscient », un mouvement venu des Etats-Unis intégrant le développement durable à toutes les sphères de l’économie. En cela, le rôle sociétal du Chef d’ Entreprise est fondamental dit-il, c’est ce qui le rend heureux et qu’il appelle le « militantisme jubilatoire », l’idée que l’on peut se faire du bien en changeant les choses. Et pour le consommateur, le label «Commerce Equitable » représente une garantie d’achat responsable. Si l’on prend l’exemple du chocolat, Tristan Lecomte vous explique qu’il est parfait, fabriqué sans conservateur ni lécithine, et qu’en plus l’émission de CO2 nécessaire à sa fabrication a été compensée par un programme de reforestation en Amazonie péruvienne, d’où il provient.
Car, Tristan Lecomte aurait pu se contenter de développer son entreprise de commerce équitable, mais il décide de créer il y environ 2 ans, son collectif de lutte contre la déforestation et le changement climatique. Pur projet voit alors le jour. Il développe de larges programmes de reforestation et de conservation forestière, en particulier en Amazonie, et toujours en partenariat avec des groupes de petits producteurs. Pour les entreprises, l’objectif est de leur permettre de faire leur bilan carbone et de compenser leurs émissions de CO2 grâce à ces projets de reforestation. A ce jour, trois millions d’arbres ont été plantés. Objectif d’ici 2012 : douze millions d’arbres.
Aujourd’hui, un seul objectif pour Tristan Lecomte et ses équipes : qu’un jour TOUT le commerce devienne équitable et avoir ainsi participé à changer le monde !