10 juin 2021 : Petit déjeuner avec Maud BAILLY, Directrice générale Europe du Sud d’ACCOR
Le 10 juin 2021, le Club de l’Audace accueillait Maud Bailly, CEO Europe Sud du groupe Accor, premier groupe hôtelier d’Europe, classé au sixième rang mondial, regroupant 40 marques et représentant 11,32 milliards d’euros en 2019. Face aux membres et invité.e.s du Club, Maud Bailly est intervenue sur le thème « Managers à l’ère de chocs : résilience et transformation », une thématique plus que d’actualité en ce contexte de sortie de confinement et de réouverture des lieux culturels et des restaurants.
Sous la forme d’un témoignage enthousiaste et humaniste, Maud Bailly s’est livrée sur ses convictions de manager, son parcours, la vision de son travail, et du monde, et plus particulièrement sur son expérience en tant que dirigeante du groupe Accor bravant la crise sanitaire qui a fortement impacté le secteur du tourisme.
A peine sortie du cabinet de l’Inspection Générale des Finances, Maud Bailly rejoint Accor en avril 2017. A l’époque, Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor, lui présente une société « bénie des dieux » et ce n’est pas peu dire : l’industrie du voyage et du tourisme représente 10% du PIB mondial, on compte 1,5 milliards de touriste en 2018 et Accor se positionne en leader dans le domaine.
D’abord Chief Digital & Commercial Officier, puis CEO Europe Sud (à partir d’octobre 2020), Maud Bailly résume : « Tout d’abord il faut aimer le produit. De plus, il faut être en ligne avec la culture et les valeurs du groupe pour lequel on travaille. Finalement, il faut être en phase avec son ou sa chef.fe : si vous avez des papillons dans le ventre en y pensant, vous êtes au bon endroit ! ».
Ainsi, Maud Bailly rejoint Accor, groupe non étranger aux chocs et transformations :
en effet, Sébastien Bazin avait lancé en 2014 un plan large d’action digital visant à transformer profondément la structure du groupe. Premier challenge pour une entreprise dont l’activité ne peut pas être entièrement dématérialisée (l’accueil des hôtels, les petits-déjeuners…), et qui subit une double-concurrence intense, à la fois des Etats-Unis (représentée notamment par le groupe Hilton) et du pure player (représentée par Airbnb,etc.). En 2017, une nouvelle feuille de route refonde tous les assets, renforçant la certitude pour Maud qu’« il faut s’entourer de gens plus forts que soi ». En 2018, Accor vend ses murs pour 4 milliards d’euros, décision sans laquelle le groupe n’aurait sans doute pas survécu à la crise du COVID, Maud Bailly en est certaine. Au sujet de ces transformations, elle aime à citer John Fitzgerald Kennedy disant que « le meilleur temps pour réparer sa toiture, c’est lorsque le soleil brille » ; Accor profite de son positionnement pour effectuer des transformations de fond en son sein. Ayant donc subi plusieurs chocs depuis 2014, le groupe n’a cessé de se transformer, de se réinventer et de s’adapter à un monde en constante évolution sur le plan du digital (qu’il s’agisse du bit coin, de la reconnaissance faciale, etc…). Pour Maud Bailly, « la partie la plus difficile a été la transformation culturelle, car c’est le plus long, et il ne faut pas perdre les gens en bord de route. ». En effet, la culture du client est primordiale, et il a faut sans cesse « convaincre les propriétaires et les clients de choisir Accor. »
Cependant, rien de ces chocs n’aurait pu égaler celui auquel est confronté le groupe en 2020. En effet, la fin 2020 est une année bénie pour Accor, mais le confinement arrive soudainement comme « un mauvais scénario » : télétravail massif et les trois fondamentaux de l’hôtellerie (le loisir, le voyage d’affaire, la circulation libre et l’ouverture des frontières) se retrouvent à l’arrêt au sein d’une crise mondiale, toutes les équipes basculent en chômage partiel, les hôtels ferment leurs portes. Tout s’est alors arrêté, soit 5100 hôtels dans 110 pays.
Pour Maud Bailly : « Un choc, c’est toute transformation qui vient impacter une entreprise, des habitudes. Les chocs, c’est la marque de vie des entreprises, des individus, il faut s’y habituer. ».
Effectivement, pour Accor, il a fallu réagir et adapter l’offre commerciale, s’habituer : augmenter la flexibilité commerciale, adapter les offres commerciales à la capacité des client.e.s à voyager, adopter un label sanitaire, créer du lien client, faire des campagnes en ligne (masterclasses avec des grands chefs, cours de sport avec Teddy Riner en visio, concert en ligne…), accélérer le digital. Cette offre survivra à la crise, selon Maud Bailly, qui souligne l’importance de réfléchir profondément à ce qu’on a appris de cette crise. Elle cite Sébastien Bazin : « Il ne faut pas gâcher une crise ! ».
Le groupe Accor porte aussi des valeurs et il a fallu renforcer la raison d’être d’Accor, par son engagement solidaire à travers cette crise en versant des fonds de solidarité, en accueillant du personnel médical, des familles fragilisées (femmes et enfants victimes de violence), mais aussi des étudiant.e.s et des personnes à la rue.
En outre, Maud Bailly souligne que les modes de management ont dû évoluer, et la question du maintien du lien est donc passée en premier plan. En effet, « la productivité individuelle a augmentée avec le COVID-19, mais la productivité collective s’est dégradée. Il faut aussi noter le changement de vitesse : les circuits décisionnels ont été plus courts, les collaborateurs et collaboratrices ont eu plus de liberté pour prendre des décisions. ». En somme, Maud Bailly tire de cette crise trois grandes idées : « Management, vitesse, raison d’être ». Selon elle « un choc ne change pas mais révèle comme un bain argentique. On voit qui on est. », d’où l’importance de la RSE puisqu’il s’agit du « rapport à l’environnement et à la terre qu’on veut laisser à nos enfants ».
Aujourd’hui, Maud Bailly est pleine d’espoir : « Il n’y a jamais eu autant d’investissements dans l’hôtellerie ! » et se sent forte des leçons apprises durant cette crise : « Nous devons rester des hôteliers avec le souci des autres. Il ne faut pas oublier ce qu’on a vécu. Il faut être vigilant.e.s pour les managers post-COVID-19 car le collectif va s’organiser différemment. ». Afin d’envisager le futur, de nouvelles opportunités prennent forme chez Accor, on peut notamment citer le tiers-lieux The Camp à Aix-en-Provence, espace futuriste multipôles au cœur d’un écrin de nature, où on peut vivre et travailler, mais aussi participer à des évènements et des activités, de manière tout à fait nouvelle.
Un an et demi après le premier confinement, le monde est plus que jamais en pleine mutation, et ce que nous avons vécu doit nous servir pour envisager et construire le futur, à la fois en tant qu’individu mais aussi en tant qu’entreprise. A l’image d’Accor, repenser le lien social, le management, l’engagement et la raison d’être de son entreprise paraît primordial afin de s’adapter, de se transformer et se relever de ce choc si particulier. Pour citer Maud Bailly : « Il faut rester aligné.e et surtout, vivre ! ».
A propos de Maud BAILLY :
Maud Bailly débute des études de Lettres Modernes à l’École Normale Supérieure, avant de poursuivre en Master Administration publique à l’Institut d’Études Politiques de Paris. Diplômée de l’École Nationale d’Administration, elle débute une carrière en 2007 à l’Inspection Générale des finances où elle effectue plusieurs missions d’audit stratégique et financier en France et à l’étranger, notamment pour la Banque mondiale et le Fond Monétaire International (FMI).
En 2011, Maud Bailly rejoint la SNCF, où elle passe la certification sécurité des circulations avant d’être nommée Directrice de la Gare Paris Montparnasse.
En mai 2015, Maud Bailly rejoint le cabinet du Premier Ministre Manuel Valls pour devenir Cheffe du pôle économique et digital, en charge des affaires économiques, budgétaires, fiscales et numériques. Elle travaille sur des problématiques diverses telles que : le prélèvement à la source, Le Brexit ou encore la Loi République numérique relative à la protection et l’accessibilité des données.
Puis, elle quitte Matignon en décembre 2016, pour rejoindre l’Inspection Générale des Finances où elle dirige une mission sur les enjeux du véhicule connecté.
En avril 2017, Maud Bailly rejoint Accor, un des leaders mondiaux de l’hôtellerie, avec plus de 5 000 hôtels dans une centaine de pays. Elle est nommée Chief digital Officer, membre du Comité Exécutif, en charge du Digital, de la Donnée, des Systèmes d’information, des Ventes et de l’expérience client au sens large.
En mai 2018, Maud Bailly devient membre du Conseil National du Numérique : un cercle de 30 personnes nommées par le Ministre en charge du Numérique, pour travailler sur les enjeux de la transition digitale en France et de ses impacts économiques comme sociétaux.
Elle a notamment contribué à la rédaction du rapport « Travailler à l’ère des plateformes ; mises à jour requise. »
En octobre 2020, Maud Bailly est nommée Directrice Générale du Hub « Europe du Sud », avec pour mission d’opérer et de développer l’activité du Groupe en France, Espagne, Italie, Grèce à Malte et en Israël. Membre du Comité exécutif, elle est garante de la performance opérationnelle comme la qualité de la relation clients et ses partenaires dans cette zone stratégique.
Maud Bailly est très impliquée dans la cause des femmes, Accor a d’ailleurs signé le programme d’égalité HeForShe lancé par l’ONU, et elle s’engage pour la mixité dans l’entreprise et la diversité, qu’elle considère comme un puissant levier de performances collectives. Maud Bailly est notamment co-ambassadrice du RiiSE, réseau mixte international en faveur de l’égalité hommes-femmes et de la diversité.
Enthousiaste et déterminée, Maud Bailly croit beaucoup à la force du collectif et c’est ce qu’elle tente de mettre en avant chez ACCOR. En plus de ses fonctions, elle est très engagée dans des activités de coaching et d’enseignement sur les enjeux de performance, de leadership et de transformation digitale des organisations.
La crise actuelle du Covid-19 a eu un impact très fort sur le secteur de l’hôtellerie, le groupe ACCOR a dû faire face à de nouveaux enjeux et se réinventer pour rebondir face à cette crise.