16 octobre 2019 : petit déjeuner avec Jean-Paul DELEVOYE, Haut-commissaire à la réforme des retraites
« Dans notre système démocratique, la gestion des peurs est en train de l’emporter », estime Jean-Paul DELEVOYE
Invité au Club de l’Audace le 16 octobre dernier, le haut-commissaire à la réforme des retraites s’est livré sur sa vision des fragilités du monde moderne. Disparition des espérances et des convictions, isolement, sont autant de défis avec lesquels l’homme doit composer à l’ère de l’intelligence artificielle, a-t-il jugé.
Sous le feu des projecteurs avec la réforme des retraites, c’est sur un tout autre sujet, les fragilités du monde moderne, que le Haut-commissaire Jean-Paul DELEVOYE était attendu, le 16 octobre dernier, au Club de l’Audace.
Loquace sur le sujet, véhément, souvent, Jean-Paul DELEVOYE s’est livré à une analyse sans concessions – mais non sans une pointe d’optimisme – d’une société « sans convictions », gouvernée par un « décalage terrible entre la rapide appropriation des usages qu’offre la technologie et la lenteur d’adaptation des systèmes ».
Pour le haut-commissaire, toutes les transformations passées se sont faites sur plusieurs siècles, accompagnées d’un gonflement de la classe moyenne, symbole de la stabilité des systèmes politiques
et du pouvoir d’achat.
Téléchargez l’article paru dans le Journal Spécial des Sociétés n°80 du 6 novembre 2019, page 22-23
A propos de Jean-Paul Delevoye
Jean-Paul Delevoye est né le 22 janvier 1947 à Bapaume dans le Pas-de-Calais et a étudié au lycée de la Providence d’Amiens. Après avoir obtenu son baccalauréat, Jean-Paul Delevoye s’est d’abord révélé comme étant un jeune homme révolté, ce qui lui vaudra d’être exclu de l’Institut Supérieur d’Agriculture de Lille. A cet égard, le président de l’université lui dira : « J’ai viré beaucoup d’étudiants dans l’intérêt de l’université, mais vous, je vous ai viré dans votre propre intérêt ».
A partir de 1974, il décide de s’engager pour sa commune et devient alors Conseiller municipal d’Avesnes-lès-Bapaume. L’ascension commence. Après être devenu Maire de Bapaume en 1982, Conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais de 1986 à 1992 et Député du Pas-de-Calais de 1986 à 1988, Jean-Paul Delevoye devient Président de l’Association des Maires de France de 1992 à 2002 tout en étant Président du groupe des Sénateurs-Maires puisqu’il devient Sénateur du Pas-de-Calais dans le même temps tout en demeurant Président de la Communauté des communes de la région de Bapaume de 1992 à 2013.
En 2002, en intégrant l’UMP, sa carrière politique prend un tournant, de 2002 à 2004, en devenant Ministre de la Fonction publique, de l’Aménagement du territoire et de la Réforme de l’Etat dans les deux premiers gouvernements de Jean-Pierre Raffarin. Puis, de 2004 à 2011, Médiateur de la République, fonction par ailleurs remplacée en 2011 par celle de Défenseur des droits. De 2010 à 2015, il est Président du Conseil économique, social et environnemental, aussi nommé le CESE. En 2013, Jean-Paul Delevoye quitte l’UMP car il soutient Jean-Jacques Cottel, un candidat PS, qui lui succédera à la fin de son deuxième mandat en tant que maire de Bapaume. En 2017, Jean-Paul Delevoye commence à soutenir Emmanuel Macron alors qu’il est candidat à l’élection présidentielle et sera choisi par la suite pour présider la commission d’investiture du parti « La République en marche l » pour les législatives de la même année.
Jean-Paul Delevoye est un homme engagé et avec une certaine considération pour les acquis sociaux. À la suite de déclarations d’élus LREM remettant en cause l’âge légal de 62 ans pour le départ à la retraite, il menace, le 2 avril 2019, de démissionner en cas de recul sur cet « acquis social ».
Deux ans auparavant, il avait organisé et supervisé une consultation citoyenne autour de la réforme des retraites en prévision de la matérialisation en un projet de loi sur ces questions.
Il a occupé la fonction de Haut-commissaire à la Réforme des retraites jusqu’à l’été 2019. En septembre 2019, Jean-Paul Delevoye entre dans le gouvernement d’Edouard Philippe; il devient Haut-commissaire aux Retraites, délégué auprès d’Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé. Puis, le 16 décembre 2019, Jean-Paul Delevoye annonce sa démission du gouvernement.