1er octobre 2019 : petit déjeuner avec Isabelle MORDANT, Polytechnicienne, mariée et mère de deux enfants, qui se consacre à l’accompagnement de son fils Thomas
Dans le monde de performance dans lequel nous vivons, la fragilité fait peur.
Il y a 20 ans, elle fait irruption dans la vie d’Isabelle Mordant et de son mari, Paul, sous la forme la plus incarnée qui soit : les os de leur bébé, Thomas, sont aussi fragiles que du verre. Devant les perspectives terrifiantes qui attendent Thomas, Isabelle s’effondre. Et de fait, dans les années qui suivent, aucune des conséquences de la maladie ne sera épargnée à Thomas : fractures innombrables, opérations, complications de toutes sortes, et aussi le handicap qui s’installe, de plus en plus lourd au fil du temps. À ces difficultés déjà terribles s’ajoutent celles provoquées par une société qui peine à faire leur place aux personnes handicapées, et dans laquelle leur vie s’apparente à un combat incessant.
Pourtant, Isabelle découvre que malgré la faiblesse extrême de son corps, Thomas est capable de déployer une force et une énergie immenses pour réaliser son rêve de devenir mathématicien. Il entraîne à sa suite tous ceux qui l’entourent, les obligeant à trouver eux-mêmes les ressources nécessaires à cette aventure. De sa grande dépendance physique naissent des relations riches et profondes avec ceux qui l’aident. Toute la famille porte un nouveau regard sur la vie : la vigilance – la peur – dans laquelle ils vivent en permanence les rend aussi plus sensibles à toutes sortes d’événements heureux qui leur auraient peut-être échappé autrement. Tous sortent grandis de l’épreuve.
A la relecture du parcours de Thomas, et du sien à ses côtés, Isabelle nous invite à reconnaître et à assumer nos fragilités, qui font notre humanité, et sont source de dépassement de soi et d’audace, ainsi qu’à nous ouvrir à l’autre et au monde. Elle nous rappelle qu’une société n’existe que par les liens de solidarité qui se tissent entre ses membres : nous avons tous besoin les uns des autres.