Bâtir des liens pour construire la confiance
Un certain nombre d’auditeurs et de lecteurs de mon blog m’invitent à être moins timide pour parler de ce qu’est Habitat et Humanisme, de ses objectifs mais aussi de ses fondements spirituels.
L’association HH est un actif veilleur. Il s’agit de trouver des réponses concrètes au regard de la montée des pauvretés. L’un des carburants pour agir est la finance solidaire dont elle est l’un des pionniers.
Le caractère innovant d’Habitat et Humanisme est la mise en œuvre, en 30 ans, d’une économie positive qui a fait école au point que désormais elle est reconnue par une loi (31 juillet 2014), dénommée l’Economie Solidaire.
Bâtisseur de liens, H et H se doit de s’interroger sur sa capacité à privilégier le positif plutôt que de se lamenter sur un mal-logement qui s’aggrave. Parfois la tentation est de se dire : tout ça pour ça.
Au diable les défaitismes !
A force de dire que cela va mal, de plus en plus mal, la question surgit : que faites-vous ?
J’entends un grand serviteur de l’Etat me dire qu’il était blessé comme nombre de ses collaborateurs, sur des propos de trop d’acteurs qui se drapent en juges pointant le doigt vers les boucs émissaires. Par courtoisie, peut-être, il me précisa qu’il ne visait pas HH.
Le sujet n’est pas de se demander comment nous allons éradiquer le mal-logement – en 30 ans on a compris la vanité du propos – mais bien de présenter la réussite de liens via de nouvelles opérations (l’intergénérationnel) mettant des étoiles dans des nuits qui en manquent singulièrement.
La joie de bâtir des liens est la condition de notre développement. Cet enthousiasme s’avéra contagieux.
Notre action est une fête à plusieurs titres, la fête des cœurs qui s’ouvrent au point de fonder notre leitmotiv : changer d’échelle, pour précisément faire la courte échelle à ceux qui se trouvent enfermés dans des spirales de pauvreté. Savoir regarder les blessures, c’est progressivement apprendre à soigner pour sauver. Le changement d’échelle ne relève pas d’abord d’une organisation économique qui ne saurait être ignorée, mais d’une transformation du regard conduisant à ne plus supporter ce qui est insupportable.
H et H n’est pas tolérante à l’inacceptable. Avec un peu d’humour, souvenons-nous du mot de Bernanos : « la tolérance, il y a des maisons pour ça. Le même auteur dira: « tout est grâce. Quelle grâce pour H et H ? Celle de remettre des clés. Que de visages, marqués par l’épreuve de la recherche d’un toit, s’illuminent avec l’ouverture d’une porte, promesse d’avenir.
La fête met en échec les défaites. Nous parlons trop de ces dernières alors qu’il s’agit de donner envie de se rassembler, de se mobiliser pour créer les conditions d’un autrement. Qui n’aspire pas à cette perspective.
Nous voici embarqués notamment en ce temps de la montée vers Pâques pour une traversée qui vaut la peine d’être faite malgré les tempêtes, ou à cause d’elles, pour faire surgir cet autrement ; l’heure est de le bâtir. Il se fait tard.
N’ayons pas peur que notre action soit traversée par l’utopie, celle qui faisait dire à Michel Audiard : « heureux soient les fêlés, car ils laissent passer la lumière ».
N’est-ce pas la lumière qui permet de reconnaître une situation qui ne peut plus durer. Mais alors comment faire changer ce que je repère comme dommageable. L’idée même de cette possible transformation est un acte d’humanité qui instaure la confiance pour des relations qui font sens.
L’engagement nous construit, plus encore nous fait naître à ce que nous sommes appelés à devenir.
Soyez audacieux, exprimez votre point de vue !